Reprendre en main sa sensualité

28/09/2023

L’une des conséquences les plus dures à supporter à la suite de ma prise de poids, c’est cette impression d’avoir été dépossédée de mon corps. D’avoir perdu ma sensualité et mon sex-appeal à mesure que les kilos se sont installés. Je me sens plus souvent comme une petite patate maladroite que comme une belle femme pleine d’assurance et prête à conquérir le monde. Sauf que cette situation ne peut plus durer. Parce que je me fais du mal.

Cela fait quelques temps que je me dis qu’il faut que je sorte de ma coquille et que je commence à m’occuper du problème à la racine. Non pas en perdant du poids… Mais en faisant la paix avec mon corps. Parce que tant que je n’aurais pas fait la paix avec mon corps, mon mal-être perdurera. Et ce, quel que soit le chiffre sur la balance.

Comment faire la paix avec son corps et ses rondeurs ?

Clairement depuis que j’ai pris du poids, j’ai découvert une nouvelle réalité. Une réalité où je me pose énormément de limites. Où j’ai peur du regard des autres. Où je n’ose plus être moi-même. Cela me bouffe littéralement la vie. Je subis les conséquences de mon surpoids à chaque entrainement. J’en ai plus ou moins fait mon affaire. Mais j’ai tellement de mal avec mon corps et mon poids, que j’ai l’impression que l’on ne voit que ça dans la vraie vie. Que je ne peux pas plaire. Sans compter la grossophobie ambiante de la société dont certains membres ne cessent de me rappeler que je suis « grosse ». Que ce soit dans la vraie vie ou sur les réseaux sociaux.

Pendant très longtemps, je me suis servie de la photographie. La photographie m’a plusieurs fois aidée à me trouver jolie. À faire la paix avec mon image. À me sentir en paix avec mon corps. Parce que si j’étais capable de m’aimer sur une photographie, je pouvais également le faire dans la vraie vie. Aujourd’hui encore, quand j’ai des baisses de confiance ou le moral à zéro, je m’organise un petit shooting dans une jolie tenue ou en lingerie. Parce qu’un petit shoot de narcissisme fait toujours beaucoup de bien. Comment aimer les autres et faire preuve de bienveillance quand on se déteste soi-même ?

L’étape d’après a été de refaire toute ma garde-robe. De me séparer de pièces que je gardais précieusement dans mon armoire dans l’espoir de pouvoir les reporter après ma perte de poids… Sauf que cela me faisait plus de mal qu’autre chose de les voir, sans pouvoir les mettre. Sans compter que cela prenait pas mal de place dans mon dressing. Alors petit à petit, j’ai refait ma garde-robe en vendant ce que je ne voulais/pouvais plus porter, puis en achetant des pièces qui me convenaient mieux. Qui convenaient mieux à la femme que je voulais devenir. Une femme plus assumée et aussi bien dans sa tête que dans son corps. J’ai même fini par ouvrir ma propre boutique en ligne pour partager plus de ce style qui met en valeur mes courbes.

J’ai aussi réappris à prendre soin de moi. À m’accorder des moments de bien-être, de détente et de relâche. À me chouchouter moi-même. Parce qu’en me chouchoutant moi-même, je fais du bien à mon corps mais également à mon esprit. C’est une manière de m’apporter un peu de paix et de sérénité. Je me suis rendue compte que ces petits moment durant lesquels le temps s’arrête me faisaient le plus grand bien. Parce qu’ils m’aidaient à me reconnecter avec moi-même.

Aujourd’hui, je veux faire la paix avec ma sensualité. Avec mon corps en mouvement. Parce que selon les contextes, je me sens encore honteuse de mes formes et de mes kilos en trop. J’ai toujours l’impression de devoir me justifier. Autant dans un contexte sportif, je n’ai aucun mal à me mettre en short, brassière et maillot. Je suis là pour m’entraîner ou (tenter de) franchir une finish line, pas pour plaire. Je n’ai (presque) aucune honte concernant mon physique. Autant dès que l’on rentre dans un contexte beaucoup plus intime, j’ai nettement plus de mal. Cela me freine dans beaucoup de domaines. J’ai du mal à me voir autrement que comme la petite grosse. Oui, je sais ce sont des mots assez durs.

Mais selon les contextes, c’est vraiment le sentiment que j’ai. C’est assez compliqué à expliquer. D’un côté, je refuse que l’on me mette des limites à cause de mon surpoids, notamment pour la course à pied ou le triathlon. De l’autre, je m’en mets toute seule. J’ai peur de ne pas plaire. Ainsi, j’ai décidé de rendre ma sensualité en main. Notamment en m’inscrivant à un cours de Heels. De la danse sensuelle sur talons. L’idée est vraiment de m’aider à me détacher totalement du regard des autres. À me sentir bien dans mon corps. Et à apprécier ce que le miroir me renvoie, et ce quelle que soit la situation.

Je dois avouer que c’est un sacré challenge. Mais à peine trois petites semaines de cours que je prends déjà conscience que le regard le plus dur qui est porté sur mon corps, la façon dont je le bouge, c’est le mien. Reprendre en main ma sensualité fait partie d’un travail de plus grande envergure que je fais sur moi-même. Parce qu’entre la prise de poids, les crises d’angoisses et l’hyperplasie, on peut dire que j’ai sacrément charcuté ma propre confiance en moi. Et j’ai besoin d’être mieux dans mon corps. Mieux dans ma tête. Car je sais que si je continue ainsi, je vais droit dans le mur.

Je n’ai plus envie de me coller moi-même l’étiquette de la « petite grosse qui essaie de faire du sport ». J’ai envie d’être cette femme, qui s’assume quel que soit le chiffre sur la balance, qui assume sa sensualité, sa féminité, et ses courbes. Et qui avance la tête haute et le regard fier.

J’espère vraiment que les cours de heels me permettront de franchir cette étape…