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… ou comment on en est venu à body-shamer les femmes dès la taille 42. Aujourd’hui, j’avais envie d’aborder un thème qui me tient particulièrement à coeur : le regard que porte la société sur les femmes s’habillant en taille 42 (et plus). Le 42 est devenue la taille de la honte, et j’exagère à peine, alors qu’il s’agit d’une p*tain de norme statistique ! En effet, d’après la Campagne Nationale de Mensurations, lancée par le Ministère du Commerce en 2006 (oui, les chiffres commencent à dater, mais ils n’en restent pas moins vrais), un peu plus de 50% des femmes françaises font un 40, 42 ou 44.
Sauf qu’il devient de plus en plus compliqué de s’habiller quand on fait une taille 42. C’est un peu le point de bascule. D’autant que j’ai la nette impression que les 42 du commerce taillent de plus en plus petits. C’est quelque chose que j’avais commencé à remarqué à l’époque où j’avais voulu acheter une nouvelle paire de bottes, parce que la mienne était fatiguée. Une époque où je n’avais pas encore pris de poids, mais où je n’ai pas réussi à trouver une seule paire dans laquelle mes mollets rentraient… Une simple paire de bottes a réussi à faire se sentir mal la jeune fille qui avec son passé de gymnaste avait des jambes musclées.
Depuis que j’ai pris du poids, je ne peux pas dire que les choses se sont améliorées. Au contraire, j’ai véritablement l’impression que la société est atteinte de dysmorphophobie… Et a complètement oublié la normalité du corps des femmes…
Disclaimer : dans la suite de cet article, quand j’évoquerai la norme ou la normalité, ce sera dans le sens de la norme statistique. Je ne suis personne pour imposer ce que doit être la norme. Au contraire, en temps normal, je déteste ce mot.
Dysmorphophobie et Grossophobie
Qu’est-ce que la dysmorphophobie ?
La dysmorphophobie, également connue sous le nom de trouble dysmorphique corporel (TDC) ou de préoccupation dysmorphique corporelle, est un trouble psychologique caractérisé par une préoccupation excessive et démesurée à propos d’un défaut perçu dans l’apparence physique. Les personnes atteintes de dysmorphophobie ont une vision déformée de leur propre corps et se focalisent de manière obsessionnelle sur des défauts mineurs ou imaginaires, généralement liés à leur visage, leur peau, leurs cheveux ou leur silhouette.
Les individus atteints de dysmorphophobie ont tendance à passer beaucoup de temps à examiner, comparer ou cacher la partie du corps préoccupante. Ils peuvent adopter des comportements d’évitement social ou développer une faible estime de soi en raison de leur obsession pour leur apparence. Ils peuvent également avoir recours à des rituels de camouflage, tels que le maquillage excessif ou les vêtements amples, pour cacher leurs présumés défauts.
La dysmorphophobie peut entraîner une détresse significative, une altération du fonctionnement quotidien et des difficultés relationnelles. Les personnes atteintes de ce trouble peuvent présenter des symptômes dépressifs, des idées suicidaires, de l’anxiété, des troubles alimentaires ou des comportements compulsifs. Il est important de noter que la dysmorphophobie n’est pas simplement une préoccupation normale ou une insatisfaction occasionnelle avec son apparence, mais plutôt une préoccupation persistante et envahissante qui perturbe la vie quotidienne de manière significative.
Faire une taille 42 dans la société actuelle
En tant que jeune femme faisant « seulement » une taille 42, cela me crève le coeur d’être « érigée » en icône du bodypositive pour lutter contre la grossophobie de la société. Parce que je suis une p*tain de norme statistique. C’est aberrant d’en venir à un point où on a une vision tellement déformée du corps des femmes que la vision d’une femme faisant du 42 fait naître des réactions plus que violentes. En étant sur les réseaux, c’est comme si je mettais coller une cible dans le dos. Il ne se passe pas une semaine sans que je ne reçoive une remarque plus que malveillante sur mon physique et mon poids… D’ailleurs, c’est souvent la même qui revient sur mes photos de courses « mais comment est-ce possible que le sol ne se soit pas écroulé sous mon poids ? ». Du très haut niveau, comme tu peux le constater.
Oui, je suis en surpoids. Oui, j‘ai 20 kilos à perdre. Mais à la limite, cela ne concerne que moi. D’autant que je suis en très bonne santé, comme en attester mes analyses sanguines. Le nombre de remarques que je peux me recevoir sous couvert de « bienveillance » au sujet de mon poids. Juste parce que je suis « ronde », les gens se permettent des comportements déplacés. Comportements qu’ils n’ont pas à l’égard des fumeurs par exemple. Alors que soyons honnête, la cigarette, ça pue, ça coûte cher et ça refile des cancers. Je me rappellerai toujours de cette conversation lunaire que j’ai eu avec un fumeur qui me donnait des conseils pour perdre du poids « pour préserver ma santé ». Et qui n’a pas apprécié du tout que je retourne chacun de ses arguments avec son tabagisme.
Sauf que les gens font une fixette sur le poids. Surtout quand il y a des « kilos en trop ». Et sous prétexte de se soucier de notre santé, ils se permettent de comportements plus que grossophobes.
Il est important de noter que la grossophobie n’est pas seulement un préjugé individuel, mais aussi un problème social plus large. Les normes culturelles et les idéaux de beauté dominants qui favorisent la minceur et stigmatisent les personnes en surpoids contribuent à la perpétuation de la grossophobie. Cette stigmatisation peut avoir des conséquences néfastes sur la santé mentale et physique des personnes touchées, en augmentant le risque de troubles de l’alimentation, de dépression, d’anxiété et de faible estime de soi.
La grossophobie est déjà un problème en soi. Qu’on soit bien d’accord, de tels comportements ne devraient pas exister. Mais là où je me rends compte à quel point la société va mal, c’est que des femmes faisant une taille 42, ce qui est totalement dans la norme, doivent faire face à cette grossophobie ambiante. La moitié de la population féminine a honte de son poids. Je comprends mieux pourquoi l’industrie de la perte de poids a encore de beaux jours devant elle…
Quand je vois la violence des remarques que je peux recevoir avec mon 42, je n’ose même pas imaginer ce que vivent les femmes un peu plus hors-normes. Dès la taille 42, cela devient compliqué. Compliqué de supporter le regard des autres qui se fait pesant. Compliqué de s’habiller. Compliqué de trouver des équipements pour le sport. Compliqué de vivre tout simplement sans te prendre de remarques. Et plus tu avances dans les tailles, et plus la situation s’aggrave.
Alors oui, on peut me répondre très bêtement « non mais tu n’as qu’à maigrir »… Sauf qu’imaginons que je souhaite réellement maigrir (pour moi, pour ma santé et mon équilibre… pas pour faire plaisir à un rustre qui pense mieux savoir que moi ce qui est bon pour moi), la perte de poids est un processus long. M’habiller est un besoin immédiat. Des situations du quotidien deviennent compliquées, alors qu’elles devraient être simples. Ce qui peut créer des sentiments de honte. Les femmes ont tellement honte de leur corps que cela finit par causer des situations dramatiques. Comme des retards de prise en charge médicale. Ou le déclenchement de TCA.
Et tout cela, juste parce que la société a un regard totalement déformé sur le corps des femmes.
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J’en pense que t’es belle, et que toutes les femmes sont belles !