Sommaire
Voici maintenant un peu plus d’un mois qu’a eu lieu le Marathon du Mont Blanc et ses différents formats de course. Un mois que j’ai tenté les 23km. Un mois pour digérer mon abandon. Je dois avouer que pendant ces quelques semaines je n’avais pas du tout envie d’entendre que « ce n’est pas un échec, mais une expérience qui va me rendre plus forte », tellement la frustration et la colère envers moi-même étaient vivaces.
Cependant, il m’a semblé intéressant de revenir sur cette course, d’essayer de comprendre pourquoi les choses ne se sont pas passées comme je l’aurais voulu. D’abord pour moi afin que cet « échec » se transforme véritablement en expérience. Ensuite pour toi qui me lit, afin de te montrer que tout n’est pas toujours rose sur les réseaux sociaux. Et que ce n’est pas grave de ne pas toujours tout réussir.
Mon récit des 23 km du Marathon du Mont Blanc
Comment ai-je préparé cette course ?
Ces 23 km du Marathon du Mont Blanc représentaient pour moi un gros challenge. Il s’agissait de mon premier vrai trail. Moi qui commençait à peine à crapahuter en montagne, ce n’est pas la distance qui me faisait peur, mais bien le dénivelé. C’est pourquoi j’ai fait appel aux services de Pierre (@xperiencetraining_), un coach sportif spécialisé dans le triathlon et la course à pied. Un accompagnement qui me semblait d’autant plus indispensable que j’avais énormément de mal à m’entraîner toute seule. C’est ainsi que Pierre et moi vous commencé à travailler ensemble dès le mois d’avril. Trois mois me semblaient courts pour être au niveau vu ma condition physique de départ, mais j’avais envie d’y croire. De me donner à fond à l’entraînement pour franchir cette ligne d’arrivée qui me faisait rêver.
Après les incontournables tests VMA et FTP, Pierre m’a construit un plan d’entraînement semaine après semaine autour de la course à pied (normal !), du vélo, de la natation et du renforcement musculaire. Tout en étant à l’écoute de mes ressentis et en intégrant toutes mes contraintes personnelles comme professionnelles. Sincèrement, j’ai vu les progrès au fil des semaines. Je me sentais de plus en plus à l’aise sur mes sorties Run, notamment en tenant des allures que je n’avais plus atteint depuis très longtemps. Progrès qui se sont confirmés sur mes deux courses test : la course Eiffage du Viaduc de Millau et la Femina Race d’Annecy.
Bien que très contente de mes progrès et rassurée sur ma stratégie de nutrition et d’hydratation, je dois avouer qu’à mesure que le 25 juin (date de la course) approchait, mon stress montait crescendo. Sincèrement, les 23 km du Marathon du Mont Blanc, son dénivelé et ses barrières horaires me faisaient très peur.
Les 23 km du Marathon du Mont Blanc : une course difficile
Arrivée la veille sur Chamonix pour retirer mon dossard, j’apprends que le 90km est annulé à cause des conditions météo. En effet, de fortes averses aussi bien de pluie que de grêle ainsi que des rafales de vent à plus de 100 km/h rythment l’après-midi, m’empêchant au passage de faire mon Run de déblocage. Si la nuit se passe plutôt bien, je sens bien qu’à mon éveil, je ne suis pas très bien. J’ai l’estomac complètement noué. Impossible d’avaler la moindre bouchée de mon petit-déjeuner. Pourtant, le combo pain complet, beurre de cacahouète et banane passait plutôt bien à l’entraînement, sans me poser aucun problème de digestion ou de lourdeur. Mais là, je n’arrive tout simplement pas à manger. Je finis par gober une banane dans le SAS, 30 minutes avant le départ, histoire de ne pas partir le ventre vide.
Pendant cette demie-heure précédent le départ, mon stress monte en flèche. J’essaie de me concentrer et de mobiliser toutes mes ressources à la fois physiques et mentales. D’autant qu’Emeline, une de mes anciennes copines de Run de Paris, m’a donné rendez-vous au second point de ravitaillement pour m’accompagner sur les 6 derniers kilomètres jusque’à la ligne d’arrivée.
8h30… le départ est donné. Je m’élance avec le reste du 4ème et dernier SAS. Les premiers kilomètres de la course sont assez faciles : un chemin de terre, sans caillou ni racine ou dénivelé. Pourtant, je n’arrive pas à courir. Les jambes ne répondent pas, le cardio s’affole pour un rien. Et la panique commence à monter dès le deuxième kilomètre. Comment vais-je bien pouvoir être capable d’a aller les 1700 mètres de dénivelé qui m’attendent si je suis déjà en difficulté sur le début de la course ? J’essaie de me rassurer en me disant qu’il s’agit simplement de la phase d’échauffement et que cela ira rapidement mieux. Je me retrouve rapidement seule; Si à Annecy, cela ne m’avait pas impacté plus que cela, sur Chamonix, cela ne fait que nourrir ma panique et ma peur des barrières horaires.
Je m’effondre littéralement entre le 3ème et le 4ème kilomètre devant la première vraie grimpette. J’appelle ma mère en pleurs. Celle-ci me rassure comme elle peut et tenter de colmater cette fracture de mental. Je repars tant bien que mal en me concentrant sur mon premier objectif : atteindre le refuge de Montroc et le premier point de ravitaillement.
J’essaie de ne pas penser que je suis littéralement toute seule. Les seules personnes que je croise sont les signaleurs… et les frustrés du 90 km qui s’élancent sur le 23 km en off. Mais je n’ai de cesse de penser à l’abandon. À tel point que je laisse les serre-files me rattraper un peu avant le 6ème kilomètre pour discuter avec eux. Et surtout pour me renseigner sur les possibilités de retour à la station. Aurais-je un bus à Montroc ou vaut-il mieux que j’abandonne maintenant et que je fasse demi-tour immédiatement ? Ah c’est bon, il y a un bus qui m’attend là-haut. Pour l’orgueil, je me dis qu’il faut que j’atteigne au moins ce premier palier. Alors j’essuie la morve qui coule du nez, les larmes sur mes joues avant de faire un sourire aux photographes, histoire d’avoir une photo potable et je repars.
Les 6 premiers kilomètres sont bouclés en une heure, ce qui veut dire que je suis encore large sur la première barrière horaire (2h30 pour faire 12km et 570m de D+). Sauf que je commence à ne pas me sentir bien. Comme une baisse soudaine d’énergie (déjà que je n’étais pas au mieux de ma forme…). J’avais déjà du mal à me ravitailler depuis le début de la course tellement j’avais l’estomac noué. Mais là plus rien ne passe. Je commence à vomir et à avoir des vertiges. Mon allure déjà pas bien rapide, ralentit encore plus. Je me demande bien comment je vais faire pour atteindre Montroc. Cela me rassure d’avoir les serre-files juste quelques mètres derrière moi. J’alterne les phases de moins bien où je serre les dents et j’avance au ralenti, et les phases où cela va à peu près et où j’arrive à trottiner.
Je passe les 8 premiers kilomètres en 1h30. Je me dis que même si je n’envisage pas de repartir après Montroc, pour l’égo ce serait bien que j’arrive avant la barrière horaire. Après tout, 4km à faire en moins d’une heure, ce n’est pas la mer à boire ! Sauf que vraiment je n’y arrive pas. Les serre-files me donnent du sirop d’érable à lécher tellement je suis blanche. Les vertiges et les vomissements ne passant absolument pas. Je me concentre au maximum sur mes pas pour éviter toute chute et glissade. Ce serait bête de repartir avec une cheville en moins.
Je n’ai plus beaucoup de souvenirs entre le 8ème et le 12ème kilomètre. Hormis que cela grimpe (beaucoup !), qu’il fait chaud et que je trouve le temps long. Les 2h30 de course sonnent à ma montre… et je ne suis pas à Montroc. Je m’effondre totalement. Il me reste à peine 500 mètres à parcourir. Je ne fais même plus l’effort de courir. Un bénévole vient à ma rencontre et m’annonce que « c’est fini pour moi ». Ce à quoi je réponds assez sèchement, je le reconnais, que je sais. Les bénévoles à Montroc sont adorables, mais je n’ai qu’une envie : prendre une douche, appeler ma mère et me rouler en boule sous ma couette.
Les 23 km d Marathon du Mont Blanc s’arrêtent pour moi au 12 ème kilomètre après 2h34 de course, et avec un très gros sentiment de frustration.
Ce que je retire de cet « échec »
Tout n’est pas à jeter dans cette première participation aux Cross du Mont Blanc. Bien au contraire. Cela m’a permis de commencer à appréhender l’esprit trail : prendre le départ d’une course sans savoir si l’on pourra franchir la ligne d’arrivée, accepter de marcher sur certaines portions du parcours… C’est une mentalité totalement différent de la course sur route dont j’ai l’habitude.
Cette course a également mis en évidence mes points faibles. Ceux sur lesquels je dois travailler travailler avant mes prochaines courses/trails/triathlons. Progresser sur le dénivelé qui me fait encore bien mal. Autant je gère relativement bien les descentes, autant les montées me crament totalement. Mais le mental reste ce sur quoi je dois me concentrer en priorité. Apprendre à être finisher, ne plus me laisser bouffer par le stress. Avoir confiance en moi et en mes capacités. J’en ai assez peu parlé par ici, mais ma prise de poids a d’une part anéanti toute ma condition physique et d’autre part fortement fragilisé le socle sur lequel repose ma confiance en moi. Je doute énormément. Je ne me sens plus capable de soulever des montagnes, comme à l’époque où je courrais le Marathon de Paris. Ces 23 km du Marathon du Mont Blanc, c’était pour me prouver à moi-même que j’en étais capable, que je n’avais pas de raisons de douter. Sauf que je n’ai pas réussi. C’est pourquoi j’ai autant de mal à digérer cet « échec ». Ce manque de confiance en moi, ce stress me paralysent totalement sur ces courses qui me font sortir de ma zone de confort.
De même, à l’entraînement, j’ai du mal à aller chercher cette ligne rouge. Je suis toujours en sous-régime car j’ai peur de l’échec. J’ai peur d’être en difficulté et que tout me rappelle que je me traîne 20 kilos en trop. C’est quelque chose que nous travaillons avec Pierre, qui a continué de me coucher après le Marathon du Mont-Blanc (même si je dois avouer que mes entraînements ont été assez lights en Juillet). Hors de question d’être à nouveau paralysée par le stress pour mon triathlon M à Aix-les-Bains en septembre.
Ainsi j’aurais gagné un super coach qui sait trouver les bons mots pour me motiver et m’encourager. Et qui surtout arrive, malgré la distance, à me faire sortir de ma zone de confort pour retrouver confiance en moi et pour progresser.
L’autre bon point est la validation du matériel. Autant sur route, je sais exactement ce dont j’ai besoin sur mes courses. Autant en trail, il s’agissait d’une totale découverte. Côté chaussures, j’avais déjà reçu les Cascadia 16 de chez Brooks (en tant que membre de la Run Happy Team). J’avais les pneus qu’il fallait pour commencer l’entraînement trail. Cependant, le sac d’hydratation que j’avais était trop petit pour transporter l’ensemble du matériel obligatoire (réserve d’eau, ravitaillements solides, couverture de survie, veste gore-tex…). J’ai eu la chance d’être contactée par I-Run qui m’a offert un sac Salomon : le Sac Salomon Sensé Pro 10 Set W.
De base, je n’étais pas très convaincue par le placement des flasques à l’avant, craignant que cela « ballotte » et me donne l’impression d’avoir une seconde paire de seins. Déjà que les miens ne sont pas petits. Et finalement, j’ai été agréablement surprise du maintien du sac Salomon. Rien ne bouge, il se fait totalement oublier. Clairement, il est plus que validé et va me suivre un moment dans mes aventures trail. La paire de bâtons Swix (modèle Pro Trail Carbon), achetée à une copine sur Annecy juste avant la Femina Race, est elle aussi validée. Cependant, il est important que je continuer à m’entraîner avec pour apprendre à m’en servir correctement.
Finalement, ce qu’il m’aura le plus manqué, c’est une simple casquette pour protéger ma tête du soleil de la montagne et m’éviter une insolation. Insolation très certainement à l’origine de mes vomissements…
Chamonix, je te tiens à bientôt. Car une chose est sûre, je reviendrais pour ma revanche !
Rendez-vous l'année prochaine pour affronter à nouveau le Mont Blanc !
Si tu aimes cet article, épingle-le ! ⬇️